Deux mauveurs se sont alignés ce week end sur les 105km de l’UTPMA et ses 5500m D+.

Voilà le programme de leur sortie :
La première partie en montagne les emmenera vers des lieux aux noms poétiques : Pempadouyre, le Courpou Sauvage, l’Elancèze… Le passage au Gliziou leur permettra d’admirer le Puy Griou. Puis, ils iront se frotter à la montée vers le Plomb du Cantal (1855m). La suite leurs offrira un peu de répit puisque après la descente vers la station du Lioran, ils auront la joie de trouver un ravitaillement bien apprécié et l’accès à la base de vie où les attendra leur sac de délestage. Il faudra ensuite repartir à la conquête des crêtes du plus grand volcan d’Europe. Disposées en étoiles, les vallées s’ouvriront au fur et à mesure avec des reliefs sans cesse renouvelés. Bec de l’Aigle, Téton de Vénus, Puy Bataillouse, Puy Mary (avec le passage délicat de la brèche de Rolland), Puy Chavaroche (où ils croiseront l’homme de pierre)… des sommets prestigieux offrant des vues panoramiques inoubliables. Au piquet ils ne seront pas punis puisque ils descendront jusqu’au village de Mandailles où ils trouveront un autre ravitaillement. Il faudra alors remonter jusqu’au buron de Cabrespine en passant par Saint-Julien-de-Jordanne. Lors du retour, ils passeront par la Vallée de la Jordanne où ils découvriront des sites remarquables comme les gorges de la Jordanne ou encore le lac des Graves. Ils seront ensuite amenés à traverser des villages plus beaux les uns que les autres où se succèderont les ravitaillements dans la bonne humeur : Velzic, Lascelles, Mandailles, Le Lioran, Saint-Cirgues-de-Jordanne et Saint-Simon.

Un programme bien chargé et c’est Etienne, un de nos deux compagnons qui y a participé qui nous raconte :

Après mon abandon sans regret au km 94 du trail du Pas du Diable dans les Cévennes où il me restait 30 km dans la tempête, je me suis dit : plus jamais, c’est pas fait pour moi.

6 mois après, je m‘inscris à l’UTPMA : 105 km dans le Cantal. Je me suis fait avoir par la beauté annoncée de ce trail et par quelques gredins du club (David Eck and Florian Pavy) et du boulot…

6 mois pour s’entraîner, mais chaotiques comme souvent. Donc une prépa moyenne mais je me sens plus prêt que l’année dernière, et surtout déterminé à éviter un cumul d’erreurs : accepter d’avancer à 4 km/h, faire des micros sieste, s’alimenter correctement, et avoir pour seule limite de temps les barrières horaires (26h30 pour l’ensemble).

La veille on fait la route avec Florian, et une fois arrivé sur place en fin d’après-midi , on prend vite nos quartiers à l’internat d’un lycée réquisitionné par les organisateurs (trail très bien organisé en général)

: le départ est à minuit, on va essayer de ne pas cumuler de déficit de sommeil. Je dors de 20 à 22 h, c’est mieux que rien. Mais au réveil, la question que tout le monde a en tête est : pourquoi. Pourquoi on se lance là-dedans ? Pour courir 24 h ? Pourquoi un départ à minuit et donc rater une nuit de sommeil ? Ne serait-ce pas mieux un départ à 4 ou 6h du matin ? Grand moment de doute collectif ! Nous nous rendons au départ avec une navette, j’ai failli oublier mes bâtons mais tout va bien. Musiques, feux d’artifices, c’est la fête. On nous annonce une possible déviation de 2 km en raison d’orages. On verra. On part. Dans ma tête je pars pour une rando de 24 h. Ca monte direct, j’ai chaud et j’enlève ma veste pour rester en T-shirt jusqu’à  mi-parcours. Florian part devant. La nuit le brouillard est là, l’éclairage à la frontale est étrange et limité : si on regarde trop loin on voit un mur blanc, il ne faut regarder que vers le bas à quelques mètres. On entend les cloches des vaches, mais on ne les voit pas. Parfois on entend un meuglement derrière soi : on est passé à un mètre d’une vache qui dort sans la voir ! La végétation se couvre de rosée. C’est fantomatique ! Premier ravito de nuit. Un peu tôt pour faire une sieste, je continue. Lente montée continue. Le jour se lève. Deuxième ravito, dans un barnum, où on se retrouve avec Florian. J’aurais bien fait une sieste mais ce n’est pas possible ici. On repart. Descente avec vue sur une vallée encombrée de brouillard, c’est magnifique. Un coureur local m’explique les lieux et la topographie : en face c’est le Plomb du Cantal. On y arrive ! Mais pas vite : à mi-pente, les bâtons sont interdits ! Aïe ! C’est quand on perd quelque chose qu’on se rend compte de son utilité. Montée interminable ou presque jusqu’à 1855 m. En haut il vente, je remets ma veste, mais c’est beau ! C’est tout vert, on va bientôt savoir pourquoi. Descente vers le ravito, le premier orage arrive. Au ravito, je suis trempé comme tout le monde ici. Nous sommes à mi-parcours, c’est la « base de vie ». Un peu précaire : un barnum étroit et gadouilleux pour se changer et dormir ? Pas le choix, je dors 10 minutes par terre comme je peux, mais ça me fait du bien. La déviation en raison des orages est en place. Des rumeurs d’annulation courent. Beaucoup abandonnent, découragés par l’orage ou pris au piège par des problèmes digestifs dus au froid. Je repars avant qu’une annonce d’annulation tombe (je veux finir un 100 km !), sous le soleil cette fois. La déviation nous fait louper le Puy Mary et ses crêtes, dommage, mais ça se comprend. Le deuxième orage arrive, il pleut, et de plus en plus fort. La boue s’accumule sur le parcours, surtout lorsque l’on est dans les derniers. La plante des pieds commence à être douloureuse (l’humidité m’aura fait de belles ampoules), je m‘économise avant la dernière grosse montée. Ravito. Sieste de 15 minutes. J’entame la dernière bosse : je tape un peu dedans et double une groupe d’une dizaine de personnes. Mais en forêt, on ne voit pas le bout de cette bosse. Et une fois sorti de cette forêt, le brouillard empêche de voir le sommet. C’est long, je suis parti peut-être un peu vite. Finalement en haut, c’est venteux comme au Plomb, lente et longue descente avec mes pieds douloureux. Ravito. Il reste 20 km « plats », ça devrait le faire, il fait beau. Je retrouve un ancien de l’ASFAS qui veut abandonner. Finalement on s’encourage et on repart ensemble. Amateur de trek, il m’apprend à marcher vite : on a une bonne allure tout en s’économisant et en évitant les douleurs aux ampoules, c’est génial ! Le « plat » est en fait une succession de 3 montées de quelques centaines de mètres, mais le plus durs sont les descentes. Ca se fait quand même, le reste est de la route, c’est très roulant. On ressort les frontales. Les lumières d’Aurillac apparaissent. On est dans les temps, on va y arriver ! A 1000 m de l’arrivée, un groupe nous rattrape : l’ego rejaillit, on oublie les douleurs aux pieds, et on finit ensemble dans un sprint interminable ! C’est fait ! J’aurai au moins fini un 100 km dans ma vie !

Finalement j’avais bien quelques belles ampoules, les courbatures ne sont pas si pires que cela. Les micro-siestes même minimes m’ont permis de rester lucide. Plutôt gros dormeur je n’en reviens pas que je suis resté éveillé 43 h de suite avec juste 2h 30 de sommeil. Pas contre grosse fatigue générale. J’ai gardé ma veste la deuxième moitié du parcours y compris dans les côtes et au soleil. Trail joli et très bien organisé (à part la base de vie) avec un bon ravito au cantal et la soupe mais une météo capricieuse apparemment régulièrement.

C’est autour de Florian de nous faire vivre cette expérience :

Retour de l’Ultra Trail du Puy Mary ⛰🏃🏻‍♂️⛰
112km 5500D+🌧💦🌫🌩
Départ 00h, stressé comme jamais dû à l’inconnu du monde de l’ultra Trail.Pas de visibilité la nuit 🌫 à plus de 5m mais la météo est plutôt clémente avec nous jusque là. Tout se passe bien sur la nuit et content de retrouver mes femmes à la bas vue du Lioran au 51kms😇.L’organisation décide d’un parcours de repli car gros orages sur les crêtes mais 7kms de plus que le parcours d’origine😱 et dieu sait que les kms sont long dans ses moments là. Les orages 🌩et les pluies intenses💦 n’ont pas épargné le terrain , très gras et boueux , très usant pour le corps et c’est à partir du 85eme que les pieds sont cuits à cause d’ampoules importantes et plus possible de courir même si les jambes ça va encore. Le temps et les kms deviennent très très long mais niveau mental ça va surtout quand je vois mes amours aux ravito pour me redonner le peps nécessaire d’avancer. Je finis en 23h30 et heureux comme tout. 

Félicitations à vous deux