Mon premier trail longue distance : le Marathon du Mont Blanc
Pour mon premier gros trail j’ai voulu faire celui d’une vallée que je connais bien et que j’affectionne particulièrement pour ces superbes points de vues, celui de Chamonix. Cette aventure a commencé il y a 9 mois par la première épreuve qui fût celle de l’inscription. Les 2000 places sont parties en moins de 3 heures dont, coup de chance, une pour moi ! Il n’y a plus qu’à s’entrainer !
Et 9 mois plus tard me voici donc à Chamonix à retirer mon dossard et à consulter avec anxiété la météo… ça ne s’annonce pas terrible du tout pour le lendemain ! A 21h un texto nous informe que le trail se fera sur un parcours de repli en raison des conditions météo annoncées… Je croise les doigts car le beau temps a tenu bon ce samedi mais mes derniers espoirs seront douchés (c’est le cas de le dire…) quand la pluie arrive vers 23h30 et, étant en tente, la nuit jusqu’au réveil va être très pénible. Mon moral chute au fur et à mesure que l’intensité de la pluie redouble. Vers 4h30, ayant très peu dormi, je risque un œil dehors, les nuages sont bas, il fait froid et il pleut toujours. A 5h30, mon téléphone sonne, c’est normalement l’heure de se lever, je me fais des nœuds au cerveau, j’ai très peu dormi, le temps est épouvantable, je ne vais pas pouvoir profiter des paysages…Qu’est ce que je fais ? Y aller où pas ? Je n’ai pas accumuler tous ces km d’entraînement pour rien car je vais le regretter, je me remotive et sors du duvet. En moins d’1/2h je suis prêt et me dirige vers la ligne de départ avec une petite accalmie (qui sera de courte durée) ! De voir tous les autres coureurs me regonfle à bloc ! Je prends place à la fin du peloton, fidèle à mon habitude, et je sors déjà la gore tex du sac à dos que je ne quitterai que pour quelques kilomètres dans la journée. Le speaker annonce le changement de parcours mais cela ne me réjouis guère, je sais que cette modification (plus de D- avec une arrivée dans Chamonix même au lieu de la montée finale à Planpraz) me sera défavorable et les faits ne feront que confirmer mes craintes. Le départ est donné, sur un grand écran je peux voir les « élites » partir sur un rythme totalement hallucinant pour le commun des mortels, ils donnent l’impression de partir pour un 10 kilomètres sur route ! Nous empruntons les rues de Chamonix et, à 7h du matin, des spectateurs ont bravés le mauvais temps pour venir nous applaudir, ça fait chaud au cœur de voir ça ! Nous longerons l’Arve jusqu’à Argentière, sur des sentiers ponctués de quelques montées pas trop soutenues pour le moment, de toute façon ce trail ne commence vraiment qu’au 18km ! Je jette un regard en arrière, je suis dans les derniers, il n’y a plus qu’à rattraper tout ce beau monde dont un excentrique qui cours avec des « Five Fingers », j’en ai mal pour lui ! L’arrivée à Argentière se fait sans encombre et je retrouve ma compagne Christelle qui a bravé ce temps pour venir m’encourager. Juste après le premier ravitaillement je regretterai de ne pas m’être mieux placé dans le peloton au départ car un goulet va créer un embouteillage monstre où je resterai bloqué pas loin de 10 minutes ! Un gros point à revoir pour les organisateurs ! Passage au col des Montets et redescente sur Vallorcine. Nouveau ravito et… ha ouai la suite c’est par là, et c’est tout là haut qu’il faut monter ! D’accord… Il faut sortir les bâtons, la course commence vraiment et brutalement ! Surtout ne pas se griller, mais j’en profite quand même pour doubler un bon paquet de coureur quand c’est possible. Autant le faire maintenant car je me doute bien qu’ils seront plus fort que moi dans la descente. J’ai froid, il pleut toujours et il y a du vent, mes mains sont engourdies et je dois me résoudre à mettre mes gants. Il y a toujours des supporters qui ont eu le courage de braver les éléments pour venir nous encourager dans ces coins assez reculés et ça fait très très plaisirs surtout qu’ils nous encouragent avec nos prénoms car ils sont inscrits sur nos dossards. Dans ces moments là, vous ne pouvez pas savoir quel bien fou ça fait au moral. Passage au col des Posettes et nous voyons le chemin qui devait nous emmener vers l’aiguille du même nom complètement dans les nuages. Descente vers le village du Tour et les ennuis commencent pour moi, une douleur au genou gauche se réveille. Je suis repris par mal de coureur mais je limite des dégâts. Je ne connaitrais pas du tout ma position de toute la course mais je suis toujours en dessous des temps que je m’étais fixé. Partie plate et rapide pour rejoindre Trè le Champ où je suis beaucoup mieux et j’attends impatiemment que ça remonte enfin ! Vœux vite exaucé avec la montée vers la Flégère à flanc de la réserve des Aiguilles Rouges. Tout le monde marche vite, les bâtons sont biens utiles. Descente technique sur quelques centaines de mètres, je me fais plaisir car mon genou me laisse tranquille dans ce type de terrain à « chamois » et j’en profite pour doubler des coureurs ayant le pied moins sûr. La montée au dernier point haut de cette course se fait sur un beau mur, les organismes commencent à bien souffrir. Il ne reste plus que la descente…sur 5km…des coureurs passés 10min après moi à la Flégère me passeront devant… Je boite de plus en plus et j’essaie de relancer sur le peu de plat quand enfin un signaleur nous annonce plus que 200m de descente et 1km de plat avant l’arrivée, je touche enfin au but ! Je regarde ma montre, c’est bon, je passerai facilement sous les 7h. L’entrée dans Chamonix se fait à travers une haie de spectateurs alors que les premiers coureurs sont passés il y a déjà plus de 3h ! Je lève les bras, ça y est, c’est fait, gros moment d’émotion !