Etienne avait fait de cet objectif sa priorité pour ce premier trimestre 2018. Après une préparation sur plusieurs semaine, le jour J arrive à grand pas. Le Trail du pas du diable -120 km se situe à St Jean du Bruel au sud-est de Millau dans les Cévennes.

Voilà le récit d’Etienne :

Petit défi lancé avec un collègue : faire un trail de plus de 100 km. C’est parti avec ce 120 km, 6500 D+. Le maximum que l’on ait fait est 75 km. Le but est de finir dans les barrières horaires (33h). On se dit qu’au mieux on le ferait en 24h.
Réveil à 2h45 pour un départ à 4h du matin. Ça pique mais l’ambiance est bonne. On garde la frontale 2h30, les oiseaux chantent, le soleil se lève, on profite du paysage, on s’économise, tout va bien au premier ravito (20 km, 4h). Puis le parcours passe dans des grottes, il faut utiliser des échelles, des cordes, ça change et c’est sympa. Les cuisses commencent à tirer, déjà. 2ème ravito (40 km, 8h): on est dans les temps pour viser 24 h de course, mais la fatigue arrive, et nous ne sommes qu’au tiers! Heureusement les ravitos dont diversifiés et copieux. Ensuite le parcours passe dans une autre grotte, large et haute, avec une rivière à l’intérieur : c’est magnifique ! Ça rappelle un peu le gouffre de Padirac. 3ème ravito de mi-parcours, 12 h de course. On nous avait dit d’arriver frais à 60 km… ça tire bien quand même, j’ai de plus en plus de mal à descendre (mal aux pieds), mais j’ai encore la caisse pour courir sur le plat et monter en marchant. Mon collègue part devant, il est en forme, je ne pense pas le revoir. Au km 80, j’en ai marre, je ne peux plus courir. Je réalise que je n’ai rien mangé depuis 20 km /4 h. Encore 10 km jusqu’au prochain ravito. La nuit tombe dans une côte bien raide. Je sors la frontale, peine à trouver les rubalises trop espacées et discrètes à mon goût, j’attends d’autres coureurs pour m’aider à trouver le chemin. Avec un autre coureur, breton, qui lui aussi n’a rien pu avaler depuis le mi-parcours, on discute. Puis il part devant. Je me fais doubler sans cesse. Chaque descente est un calvaire, les cuisses me brûlent, les pieds sont douloureux. L’idée d’abandonner me passe par la tête. En tout cas ce sera le seul trail aussi long que j’aurais fait. Je ne vais abandonner, ce sera le seul trail aussi long de ma vie. Le ravito n’arrive pas. Il est finalement 5 km plus loin que prévu. Je peste tout seul contre l’organisation, je suis lessivé. Derrière il reste 30 km, une grosse côte (900 m en 7 km), la pluie et/ou l’orage prévu. Suivi d’une longue descente que j’appréhende déjà. Le tout de nuit. Ca ne m’enchante guère, je ne me vois pas continuer. Je me vois déjà dans un lit, au chaud, à faire une nuit complète. Le ravito arrive au km 94: j’abandonne. C’est la première fois que j’abandonne, mais je suis soulagé de le faire, que ça se finisse. C’est On m’installe dans un lit de camp le temps d’attendre une navette. Mon collègue est là, il a dormi, il m’attendait pour continuer. Finalement il repart avec d’autres coureurs, mais il est bien fatigué aussi. Le coureur breton avec qui j’ai sympathisé auparavant a abandonné aussi: sa femme nous ramène au départ. Je dors profondément ! Au matin, il pleut, et mon collègue aura franchi les 30 km en 10h, en ayant bravé la tempête au sommet. Quasi 30 h de course. Je n’ai aucun regret d’avoir abandonné, je n’aurais pas fini dans les temps de toute façon.

Leçons tirées: préparation physique mitigée, mais surtout je pense que j’ai mal accepté d’avancer lentement (entre 4 et 5 km/h), même si jusqu’à l’abandon mon temps était honorable. Et j’aurais dû prendre le temps de dormir à chaque ravito, car la fatigue accumulée m’a rendu irritable, moins lucide, et de fait j’ai moins profité de la course, je l’ai subie à la fin, sans plaisir. Aucune idée si je retenterai l’expérience, ou si je me concentrerai sur des distances plus courtes.

FÉLICITATIONS malgré tout et tu seras rebondir… 👍👍🏃🏆🙏