Récit de David 2 :

Nommé il y a quelques années comme « un des plus beaux trails de France », avec ses aplombs surprenants, ses cascades d’eau azur, ses lacs de montagne, ses névés épars, ses torrents serpentant les vallées où courent marmottes et bouquetins, le Tour des Glaciers de la Vanoise fait partie des courses où tout coureur adepte du trail se doit de participer au moins une fois dans sa vie. Des ingrédients aux saveurs savoyardes qui ont de quoi ratisser large.  »

Voilà dans quelles conditions on m’a vendu le TGV 2017. Dans l’histoire, comme d’habitude, mon pote Raph’ un bouquetin beauceron comme on en fait peu, un amoureux de la montagne qui arrive toujours à me vendre des aventures hors de ma zone de confort. Début 2017, c’est décidé, nous nous inscrivons sur les 73km du TGV qui se tiendront le 02 Juillet à Pralognan la Vanoise. Un parcours autour des glaciers, arpentant les sentiers d’un des plus beau parc de France : le parc de la Vanoise.

Après un début de saison chaotique et mon abandon au trail d’Ardon, je décide de mettre les gazs dans la prépa qui me mènera à ce TGV. Les semaines s’enchainent, la préparation se passe bien, voilà le moment tant attendu …

 

Départ pour « Pralo » le Vendredi à 06H00 du mat’ pour un week-end entre amis, histoire de pouvoir se détendre un peu avant le Jour J. Cette fois-ci, je n’aurais pas mes fidèles supportrices avec moi, ce sera dur, mais il faudra faire avec ! Sur le weekend sont organisées plusieurs courses, un 15km pour 1100m de D+, un 30km pour 1750m de D+ et la star du weekend, un 73km pour 3800m de D+. Arrivés tôt, nous profitons de notre Vendredi après-midi pour acheter le ravitaillement d’usage : saucisson – beaufort – confitures de myrtilles …

 

Le Samedi, le départ du 15km est à 17h30, le briefing obligatoire du 73km à 18h00. Les filles participent au 15km, un trail très éprouvant vu le dénivelé accumulé sur une si petite distance : une montée de 7km pour 1100m qui les emmènent jusqu’au refuge de la Vanoise et une redescente d’autant de dénivelé pour le ramener à Pralo. Nous les encourageons et rejoignons la place du village pour le briefing. Nous découvrons que nous avons même gagné un peu de rab’ sur le D+ puisqu’on nous indique 4050m !!! La belle affaire !

Le temps n’est pas au rendez-vous, c’est même la principale préoccupation des organisateurs. La météo prévoit beaucoup de brouillards pour le Dimanche. Le départ est donc retardé d’une demi-heure, il sera donné à 04h30 du matin le Dimanche 2 Juillet par une température avoisinant les 0° en haut des cols. L’organisation insiste sur le fait que les secours ne prendront pas le risque de se déplacer par un tel temps si un coureur se blesse ou abandonne pour des raisons « mineures ». Chacun doit être en capacité de se prendre en charge en Haute-Montagne et chacun doit pouvoir se débrouiller pour rentrer par ses propres moyens. Voilà qui est clair …

Une fois le brief passé, nous partons sur le parcours du 15km « à l’envers » pour rejoindre les filles, nous les attendrons jusqu’à la nuit. Rentrés, mangé, couché .. la nuit va être courte, le réveil devant sonner à 02h45 du matin. Et effectivement, la nuit fût courte.

 

Le Jour J, ça y est c’est le moment de vérité. Le parcours est « simple », une grosse montée de 1100m de D+, quelques coups de cul, une dernière grosse montée de 1000m de D+ et une descente de plus de 15km pour finir. Ah ah, il paraît que c’est roulant, c’est ce qu’on va voir.

Matos obligatoire vérifié avant l’entrée dans le sas et le départ est donné. C’est partit pour 7km d’ascension. Je ne suis pas si mal que ça, vu mon niveau en montée. Je reste tranquille mais monte à bon rythme, je vois Raph’ devant qui comme d’habitude est très à l’aise dans cet exercice. Je le rejoins un moment et le perd de vue … bizarre … je crois même être devant lui un moment, mais je finis par l’apercevoir qui m’attend sur le côté du sentier. Nous sommes presque en haut du col de la Vanoise, le premier ravito n’est pas très loin. Cela tombe bien, nous n’avons pas prévu de nous arrêter. Direction le refuge de l’Arpond au km21, cette portion est plutôt « roulante » elle nous permet de relancer. La forme est bonne, tout est en ordre. Un arrêt remplissage de poche à eau et ravitaillement à l’Arpond nous permet de repartir pour la troisième partie avec quelques « coup de cul » qui piquent. Le refuge de Plan Sec nous attend au 36ème km. C’est beau la Vanoise, très beau, on y voit pas à 20m, quelque fois je perd même Raph’ qui court devant moi à 10m. Il fait froid, très froid, il fait humide et brumeux, des conditions pas très agréables, mais au moins, il ne pleut pas !! Plan-sec, km36, tout va bien, la fatigue commence à se faire sentir, c’est difficile de relancer lorsque la pente s’assagit, mais il faut le faire, ça fait mal à la gueule, ça fait mal aux jambes, mais les km défilent plus vite. Rejoindre le KM50 et le refuge d’Orgère devrait être une formalité, c’est après ce refuge que la course commence. C’était sans compter sur une descente infernale avant d’arriver au refuge. Presque 5 km de torture, des racines, des marches … les abdos sont mis à mal, les quadris chauffent vite. Nous serrons les dents, nous sommes encore dans le coup, Orgère est à portée de crampons.

Nous arrivons un peu émoussés au ravito d’Orgère, nous prenons notre temps, nous en profitons pour nous assoir un peu. Le soleil commence à poindre le bout de son nez. Il nous reste 23km, une ascension de 8km et 15km de descente, nous touchons au but. Avec Raph, nous décidons de nous séparer à cet endroit, il est beaucoup plus à l’aise que moi en montée, il me déposera donc dans la montée et je tenterai de le rattraper dans la descente.

L’ascension vers le col de Chavière se fait sous le soleil pendant environ une heure. Une éclaircie qui me permet de lever la tête et de voir ce pour quoi je suis venu, des montagnes !!! On ne peut pas dire que jusqu’à maintenant le décor m’ai enchanté.

La montée vers Chavière est longue et difficile, le sentier s’élève rapidement et la pente me met à mal. Au loin j’aperçois Raph qui reprend les autres coureur un par un avec une aisance déconcertante. La montée est longue mais la montagne m’offre tout de même l’occasion de voir une 15 de bouquetins et quelques marmottes … Ahhhh, que c’est bon. M’enfin, je suis quand même dans le dur, j’en profite pour encourager d’autres cureurs ou pour discuter. Les quelques randonneurs que nous croisons nous indique que la bascule n’est pas loin … je n’en suis pas si sûr. 2H00 d’ascension pour rejoindre le col de Chavière, je suis cuit, il reste à basculer et à redescendre vers le dernier ravitaillement, celui du refuge de Peclet-Polset.

Un CRS nous attend au point de bascule du col, la descente est périlleuse et très glissante. Les névés à traverser sont tout aussi glissants, les consignes sont fermes, on ne s’emballe pas, on gère !!! J’ai du mal à courir, la montée m’a bien séché, je ne pourrais pas recourir jusqu’au dernier ravito. Au ravito, pas de Raph en vue, il a dû me mettre une sacrée mine dans la montée, je ne suis pas sûr de le revoir avant la ligne d’arrivée. Je prends le temps de m’alimenter et de boire du chaud, vu les températures, c’est l’idéal !

Je repars de Peclet-Polset en décidant de courir tout le long, je me motive mentalement car l’effort va être compliqué. Je cours entre 9km/h et 11km/h, c’est dur mais ça passe. Je fais 5 km et fini par rejoindre Raph … il marche, il n’est pas au mieux, il ne peut plus courir, son genou le fait souffrir. Je m’arrête à ses côtés, des amis sont venus nous encourager, il ne reste qu’une petite dizaine de km. Il va falloir marcher jusqu’à la fin, mais pas question pour autant de se balader. D’un bon pas nous parcourons les derniers kilomètres vers Pralo, nous nous faisons beaucoup doubler, mais nous sommes contents, contents de partager ce moment, contents d’encourager les autres, contents de savoir que nous allons finir !!

« Pralo », nous nous remettons à courir, nous terminerons en courant ! Je me prête à quelques facéties avec le public et nous sprintons main dans la main jusqu’à l’arche d’arrivée.

Ca y est ! Nous y sommes ! Nous l’avons fait ! 12H28 et une 166ème place sur les 600 partants annoncés (il n’y aura que 450 arrivants, les barrières horaires et les abandons auront eu raison des autres participants).

 

Un ravito, une douche bien chaude et il est déjà l’heure de repartir.

 

Après coup, ce trail doit être beau, il doit même être magnifique, mais la montagne est comme ça, c’est elle qui décide. Et ce Dimanche, elle avait décidé de rester cachée. Il faudra revenir pour voir … peut-être pour la TGC fin Août (qui sait).